« Étude multi échelle des variations
structurales, géochimiques et des propriétés magnétiques des
coulées basaltiques prismées : exemple de la coulée de La Palisse
(Ardèche) et de Saint-Arcons-d’Allier (Haute-Loire), de Thiphaine Boiron
Résumé :
Des structures prismées sont fréquemment
observées dans les coulées de lave comme la Chaussée des Géants
(Irlande). La théorie la plus courante pour expliquer la formation
de ces prismes est celle de la contraction thermique. Cependant,
cette théorie permet difficilement d’expliquer certaines
observations de terrain comme des structures à l’intérieur des
prismes (cercles inscrits, structures radiales), ou la séparation
fréquente de la coulée en trois niveaux de la base au sommet
(colonnade, entablement, pseudo-colonnade). Afin d’expliquer ces
observations, une nouvelle théorie apparait : celle de la
digitation. Malheureusement, les données de la littérature ne sont
pas suffisantes pour faire avancer le débat sur la formation des
prismes dans les coulées de laves.
Dans le but d’apporter des éléments
supplémentaires pour une meilleure compréhension de la
structuration des coulées de lave, nous avons procédé à une étude
pluridisciplinaire basée sur les propriétés magnétiques (ASM,
hystérésis, ARM), les variations structurales (LPO, SPO) et
géochimiques (Fluo X, ICP-AES, isotopes O et H, microsonde
électronique, MEB) de deux coulées prismées du Massif Central (La
Palisse, Ardèche et Saint-Arcons-d’Allier, Haute-Loire). Notre
approche, réalisée sur différentes tailles d’objets (ensemble de
la coulée, un niveau de la coulée et une section de prisme), nous
permet de montrer que les fabriques cristallographiques
(plagioclase et pyroxène) et magnétiques sont gouvernées par
l’écoulement de la lave. L’orientation du plagioclase (et en
moindre mesure du pyroxène) contrôle la distribution des grains de
titanomagnétite à l’origine des fabriques magnétiques. Notre étude
montre également que l’utilisation de l’ASM dans le but de
déterminer l’orientation de l’écoulement est un outil fiable à
condition d’être contrôlée ponctuellement par des mesures de
fabriques cristallographiques. Bien que les observations
pétrographiques et les analyses géochimiques ne montrent pas de
différences significatives entre les différents niveaux d’une
coulée, les paramètres d’anisotropie magnétique (P’, Km, T)
mettent en avant des caractéristiques propres à chaque niveau. Les
mesures de la quantité d’eau et les analyses isotopiques (H et O)
montrent que l’effet de l’altération météorique est faible et que
l’eau contenue dans la roche est essentiellement de l'eau de
constitution. De plus, à l’échelle du prisme, des variations de
deuxième ordre sont observées telles que (1) l’orientation de K1
selon la position de l’échantillon dans le prisme et (2) les
paramètres d’hystérésis associés à une variation en taille de
grain des magnétites (taille des grains plus importante vers le
centre), ce qui suggère des conditions de cristallisation
différentes entre le bord et le centre du prisme. Ces variations
au sein du prisme semblent difficilement compatibles avec une
structuration des coulées par la simple contraction thermique.
9 octobre 2011
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